Josée Legault - Bon, ça suffit Québec. On a besoin d’un plan complet pour les 3es doses.
Tout autour de nous, on le sent. Peu à peu, l’impression diffuse d’une fin imminente de la pandémie s’installe. Or, malheureusement, ici comme ailleurs dans le monde, ce n’est qu’une illusion.
La fatigue covidienne nourrit cette illusion. Annoncés par le gouvernement Legault, de nouveaux assouplissements empressés des mesures sanitaires y contribueront à leur tour.
On observe aussi déjà un relâchement certain quant au masque dans les lieux publics clos, les transports, les cliniques médicales, etc. De plus en plus de gens le portent sous le nez, sous le menton ou pas du tout. Quand on leur demande poliment de le remonter, on se fait ignorer ou envoyer promener.
Un faux sentiment de sécurité flotte dans l’air. Le vrai danger, il est là. Nous sommes pressés de revenir à la « normalité » prépandémie. Un sentiment tout à fait normal. Le vrai problème est que nous n’y sommes pas encore.
C’est pourquoi, si l’on doit « apprendre à vivre » avec ce virus invisible, veux, veux pas, le principe de précaution, pour les gouvernements et les citoyens, devrait continuer à prévaloir.
D’autant plus que depuis la première vague, malgré même le refus des autorités provinciales de santé publique de le reconnaître, on sait que le mode dominant de propagation de la COVID-19 est par aérosols suspendus dans l’air dans les lieux fermés. S’ils sont mal ventilés, c’est encore pire.
Faux sentiment de sécurité
D’où l’importance combinée d’une bonne ventilation, du passeport vaccinal, de bien porter le masque et de se faire vacciner. La vaccination est en effet une arme de premier ordre. Les preuves scientifiques sont faites.
Les études montrent toutefois que dans les mois suivant la 2e dose, l’immunité conférée par les vaccins commence à diminuer. Résultat : de plus en plus d’États accélèrent et élargissent l’accès à une 3e dose.
La Grande-Bretagne la rendrait même accessible à tous ses citoyens de 40 ans et plus. Or, au Québec, l’accès à une 3e dose est fortement limité. Entre autres, aux personnes de 70 ans et plus, immunodéprimées ou dialysées, ou vivant en CHSLD ou RPA.
Les cas de COVID sont pourtant en hausse. L’hiver et les réunions des Fêtes approchent. Pour les prochains mois, nous vivrons surtout à l’intérieur.
Accélérer au Québec aussi
En entrevue hier à l’émission Tout un matin, le Dr Karl Weiss, microbiologiste et infectiologue à l’Hôpital général juif de Montréal, réclamait donc à nouveau, comme plusieurs autres scientifiques, un accès élargi à la 3e dose.
« Ailleurs dans le monde, expliquait-il, on voit que les plus de 50 ans ont déjà accès à une 3e dose. Au Québec, on devrait vacciner les 50 ans et plus, les travailleurs de la santé, les personnes avec des maladies sous-jacentes. Si l’on donne une 3e dose rapidement à tous ces gens-là, six mois après leur 1re dose, le risque d’avoir des problèmes dans la période des Fêtes va être très minimisé. Tout ça fait partie d’un retour éventuel à la normale des choses. »
Sur Twitter, le Dr André Veillette, chercheur respecté en immunologie, allait dans le même sens : « Bon, ça suffit Québec. On a besoin d’un plan complet pour les 3es doses. »
Voilà qui est dit clairement. Y aura-t-il preneur au gouvernement ?