Loi 101 au cégep: n'ayons pas peur : Josée Legault

Josée Legaut - Le Journal rapportait hier que des cégeps anglophones, dont John Abbott, Dawson, Vanier, Marianopolis et Champlain, accueillent dorénavant une majorité d’étudiants allophones.

Le Journal rapportait hier que des cégeps anglophones, dont John Abbott, Dawson, Vanier, Marianopolis et Champlain, accueillent dorénavant une majorité d’étudiants allophones.

Cela fait du Québec le seul État qui, à même ses fonds publics, finance l’intégration de ses citoyens allophones à une langue autre que sa propre langue officielle. Ce qui, par ricochet, favorise aussi l’anglicisation de sa métropole. Cherchez l’erreur.

Selon Le Journal, au sein du caucus caquiste, des élus inquiets plaideraient ainsi pour que le gouvernement Legault étende la loi 101 aux cégeps. Ce à quoi, à l’instar des gouvernements précédents, il se refuse.

Le problème ne date pourtant pas d’hier. À preuve. Spécialisée dans la question linguistique, je cosignais en 1996 le premier rapport sur la situation de la langue française depuis l’adoption de la loi 101 en 1977.

Depuis 1983... 

Commandé par le premier ministre Jacques Parizeau – il désirait avoir l’« heure juste » sans politicaillerie –, ce rapport documentait déjà le recul du français dans plusieurs domaines. 

Y compris ceci : « On observe depuis 1983, une importante diminution des inscriptions au cégep francophone parmi les finissants allophones des écoles secondaires françaises ». Je répète : depuis 1983... 

Or, notre rapport, jugé par la suite trop « alarmiste » par le gouvernement Bouchard, fut ignoré. Le recul du français s’accentue sourdement depuis. 

Minimum vital

En 2021, le premier ministre, François Legault, propose de renforcer enfin la loi 101. Dans le projet de loi de son ministre, Simon Jolin-Barrette, il manque toutefois un élément essentiel : l’application de la loi 101 au collégial.

Le vrai canari dans la mine est en effet qu’au cœur même du Québec, dans sa métropole et ses couronnes, le déclin du français s’accélère depuis des années. Nos décideurs le savaient, mais n’ont rien fait.  

Pour stopper la dégringolade, il eût fallu renforcer la loi 101 bien avant. C’est pourquoi l’urgence d’agir tient maintenant de l’euphémisme. Cessons de craindre d’appliquer la loi 101 aux cégeps. C’est un minimum vital.

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