Josée Legault - La vaccination obligatoire des soignants relève du devoir qu’ont les gouvernements de protéger leurs citoyens, mais c’est aussi un devoir de cohérence.
Il était grand temps. Devant la férocité du variant Delta, le premier ministre François Legault annonçait hier la vaccination obligatoire des soignants, dont les préposés aux bénéficiaires, « en contact rapproché quotidiennement, pendant plus de 15 minutes, avec la clientèle ».
Le tout sous peine possible d’être suspendu sans solde. Date butoir pour leur 2e dose : 1er octobre. On ne badine pas avec la pandémie. La semaine prochaine, il y aura débat en commission parlementaire.
Or, l’urgence est telle que la seule position responsable des partis d’opposition serait de contribuer à l’application rapide et efficace de cette mesure. Parce qu’en plus du passeport vaccinal, elle s’annonce essentielle dans le combat contre la COVID-19.
D’après la réponse rapide que j’en ai reçue hier du ministère de la Santé, la vaccination obligatoire s’appliquerait dans les services de santé publics et privés.
Donc, entre autres, aux CLSC, hôpitaux, CHSLD, centres de protection de la jeunesse, centres de réadaptation, ressources intermédiaires (RI) et de type familial (RTF), RPA, entreprises d’économie sociale en aide à domicile, etc.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, l’a confirmé en point de presse.
Un seul mot vient à l’esprit : ENFIN ! Le Québec rejoint ainsi la France et un nombre croissant d’États prenant la même voie à divers degrés.
Il fallait agir
Il en va ici du devoir absolu des élus de protéger les populations de la COVID-19. Plus particulièrement encore, les plus fragiles.
Rappelons que dans les ressources intermédiaires (RI) vivent des milliers de Québécois et Québécoises hautement vulnérables – aînés en perte d’autonomie et adultes en situation de handicap intellectuel et/ou physique.
Il était en effet inacceptable, autant sur le plan éthique que moral, de continuer à les laisser en contact rapproché et soutenu avec des préposés refusant le vaccin.
De toute évidence, messieurs Legault et Dubé l’ont compris. Ils ne devront surtout pas reculer sous quelque pression que ce soit, syndicale, politique ou autre.
Cohérence
La vaccination obligatoire des soignants relève du devoir qu’ont les gouvernements de protéger leurs citoyens, mais c’est aussi un devoir de cohérence.
Il eût été inconcevable qu’au Canada, des fonctionnaires fédéraux, assis dans leur bureau, soient obligés d’être vaccinés, pendant qu’au Québec on aurait laissé des soignants libres de refuser le vaccin malgré qu’ils soient en contact étroit avec des personnes âgées, handicapées, immunosupprimées et autres.
Il eût même été révoltant qu’au Québec, on demande bientôt et avec raison une preuve de vaccination pour aller manger une poutine ou voir un film, mais non pas aux soignants travaillant auprès des plus fragiles d’entre nous.
Si le gouvernement Legault respecte pleinement son engagement – car il est impératif qu’il le fasse –, il nous évitera une pléthore d’injustices graves du même genre.
Quant à ceux tentés de s’opposer à la vaccination obligatoire des soignants, qu’ils se posent une seule question :
Et si c’était leur mère, père, grand-parent, frère, sœur, conjointe ou conjoint, obligé de se retrouver en grande proximité avec des préposés non vaccinés ?
Ne voudraient-ils pas que le gouvernement oblige leurs soignants qui s’y refusent encore à se faire vacciner ? Poser la question, comme on dit...