Auteur : Salem Benammar
Je viens chez toi, ne t’en déplaise, je n’ai pas besoin que tu me fasses de la place chez toi, comme te l’a demandé le premier ministre Trudeau.
Je migre où je veux et quand je veux. La terre tout entière est la création de mon divin, tu n’as pas ton mot à dire, tout ce qui est sur terre est son œuvre.
Je suis musulman, et cela suffit pour me donner une légitimité sur ton territoire, alors que toi, tu ne peux aucunement t’arroger le droit de m’interdire de m’installer dans le pays de mon choix.
Je suis l’occupant légal d’une terre qui n’est pas la tienne. Allah l’a créée pour mon prophète ainsi que tout l’univers.
Je n’ai que faire des lois de ton pays, il n’y a de lois que les miennes.
Au cas où tu ne le saurais pas, tes idiots de représentants ont voté des lois taillées sur mesure pour moi au nom de la lutte contre le racisme.
Ignorants et stupides qu’ils sont, ils ne savent pas qu’il n’y a pas de lois plus discriminatoires que les miennes.
Tu es pris au piège de ton propre système et j’ai tes lois pour moi. Tes hommes politiques, ta justice, tes associations humanitaires et antiracistes me protègent comme si j’étais une chance pour ton pays.
Le plus cocasse est que toi-même tu finances par tes impôts mon accueil et mon installation chez toi.
Tu reconnais implicitement que j’ai autant de droits que toi sur ce pays, création de mon dieu.
Tu refuses d’accepter mes us et coutumes et mon mode de vie comme s’ils étaient contaminés par le virus de la peste, alors que le pestiféré, c’est toi, et que je suis venu pour sauver ton âme en état de déliquescence.
Je suis une chance pour toi, toutes tes élites le crient sur les toits, mais tu es bouché et tu ne veux pas l’entendre.
Tu préfères écouter le discours des islamophobes qui sont en train de t’éloigner du bon chemin et de te baliser ainsi le chemin de l’enfer. Je prie dans tes rues pour les purifier de tes péchés.
Tu ne sais pas le prix et les sacrifices que m’a coûtés ce voyage sans retour pour venir jusqu’à chez toi .
Tu n’as pas ton mot à dire, tu dois te résoudre à cohabiter avec moi, et là où j’installe ma mosquée, tu fermes ton bistrot, ta cave à vin, ta charcuterie et ta fromagerie, car c’est contraire à la loi de ma religion.
Tu te plains, quand tu viens chez moi, de ne pas faire comme chez toi, et pendant le ramadan, tu ne dois rien laisser transparaître de ta différence. C’est normal partout où tu es, tu n’es nulle part chez toi car l’univers tout entier a été créé sur mesure pour mon prophète.
Tu es tenu au respect absolu ma culture, qui est au-dessus de la tienne, mais, infidèle que tu es, tu ne sais pas qu’elle est d’essence divine, et donc parfaite, et qu’un jour elle sera la tienne, c’est écrit dans mon livre sacré.
Tu as beau vouloir œuvrer à mon intégration en faisant de moi un citoyen à part entière, jamais je ne serai ton concitoyen, car je dois faire de toi un fidèle comme moi après avoir tout désintégré chez toi, comme l’ont fait mes aïeux avec la Perse, l’Égypte, Byzance et l’Afrique du Nord autrefois.
Tu continues à croire que je n’arriverai pas à mes fins parce que tu ne veux pas voir en face de toi la réalité de ta propre fin, je profite de ton système pour te conquérir par le ventre fécond de nos femmes.
Le vivre-ensemble n’est pas celui que tu crois, il est celui auquel je crois : il n’y a de vivre-ensemble que dans la dissolution du tien dans le mien.
Salem Benammar