Ottawa a renouvelé pour un autre mois son interdiction de voyages en avion pour les Canadiens non vaccinés. Mais qu'est-ce qui justifie cette mesure, alors que de plus en plus de pays jetent du lest aux frontières ?
«Sûrement un autre médecin qui va se faire montrer la porte»
Le communiqué de la mesure renouvelée la semaine dernière stipule que « l'entrée au Canada de personnes qui ont récemment séjourné dans un pays étranger pourrait favoriser l'introduction ou la propagation au Canada de la COVID-19 ou de nouvelles variantes du virus qui causent la COVID-19 ».
La pandémie n'est pas terminée, et « des gens meurent tous les jours dans les hôpitaux », a quant à lui déclaré le premier ministre Justin Trudeau. « Notre responsabilité, c'est d'assurer la sécurité de tout le monde et ça, ça se fait en suivant la science. »
Pour le spécialiste en politiques de la santé à l'Université d'Ottawa Patrick Fafard, le gouvernement joue surtout de prudence, car les données probantes concernant l'effet des vaccins contre la propagation du virus « sont mixtes ».
Les vaccins confèrent une protection moyenne contre les risques de contracter la maladie, bien qu'ils présentent efficaces contre les symptômes graves. « La lecture des risques est différente au provincial et à Ottawa », note-t-il, puisque Québec a mis fin à l'urgence sanitaire presque le même jour.
« On veut éviter de signaler à la population que la pandémie est finie. Là, ça risquerait d'influer sur le comportement des gens », selon lui.
Au moment d'introduire cette mesure, en décembre dernier, le gouvernement supprimait que l'interdiction de voyages en avion pour les non-vaccinés leur donnerait une raison de plus de tendre le bras. « Ce n'est pas tout à fait clair quand on regarde les chiffres. Ça ne semble pas être une bonne raison pour plusieurs de se faire vacciner », indique cependant M. Fafard.
Les raisons politiques expliquent donc largement cette décision. Il y a une volonté de se distinguer du Parti conservateur, qui souhaite mettre fin à toutes les obligations vaccinales.
« Les gens les plus touchés sont une minorité de Canadiens non vaccinés. Ces gens-là votaient-ils pour le Parti libéral ? Leur analyse dirait que non », fait remarquer l'expert. « Le Parti libéral du Canada se positionne du côté des prudents. »
L'excès de prudence pourrait toutefois tomber dans le péché. Les voyagistes tapent du pied, réclament les contrôles et les tests aléatoires toujours en vigueur provoquant de longues files dans les aéroports, même pour les personnes vaccinées.
Article du Devoir