Le terrorisme et les affaires de sécurité nationale ont pris une énorme place dans nos vies depuis les attentats du 11 septembre 2001. Pas un jour se passe sans qu'on entende parler de menaces provenant pour la plupart de réseaux terroristes liés aux extrémistes islamistes.
Le Canada a été mentionné comme cible potentielle. Al-Qaida a même proféré des menaces directes contre notre pays. Jusqu'à maintenant, nous avons été épargnés par cette folie meurtrière. Pourtant, le Canada, et Montréal en particulier, s'est retrouvé au centre de plusieurs enquêtes internationales sur le terrorisme.
La filière Montréal, dont les Ahmed Ressam et Fateh Kamel sont les membres les plus connus, a en effet été exposée dans des procès spectaculaires aux États-Unis et en France.
Une vaste et complexe enquête journalistique sur ces réseaux de la terreur inspirée d'idéologie et de religion. Grâce à lui, on peut découvrir les dessous de plusieurs groupuscules et connaître certains de leurs acteurs qui résident dans nos murs. Fabrice de Pierrebourg a d'ailleurs réussi l'exploit de devenir le premier journaliste canadien à communiquer avec Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, le fameux terroriste vénézuélien qui a fait courir toutes les polices du monde pendant vingt ans.
L'auteur a également réussi une première journalistique en obtenant une entrevue avec Fateh Kamel, le Montréalais condamné a une lourde peine de prison en France pour des actes de terrorisme.
C'est en 1984 que le Canada a été confronté à un des pires actes de terrorisme de son histoire. Cette fois, la terreur nous venait de l'Inde. Des militants sikhs avaient placé des bombes dans deux avions en partance du Canada vers Tokyo. Un de ces avions s'est abîmé en mer avec ses 329 passagers, l'autre appareil s'est rendu au Japon, mais un employé de l'aéroport a été tué en manipulant des bagages dans lesquels un engin avait été dissimulé. Le dossier Air India a démontré que les policiers de la Gendarmerie royale du Canada et leurs collègues du Service canadien du renseignement de sécurité étaient souvent à couteaux tirés. Les agents secrets veulent accumuler des indices et des informations et en veulent toujours plus.
Les policiers pour leur part sont soumis a des règles différentes car, pour eux, le renseignement est une étape de leur enquête. La police est là pour découvrir les coupables et les traduire en cour. comment les policiers pouvaient disposer de réseaux d'informations étendus. Cette année-là, le Pakistan cherchait par tous les moyens à se doter de la bombe nucléaire, baptisée parles journaux Bombe islamiste. Au mois de juin 1980, deux fonctionnaires de l'Agence pakistanaise de l'énergie atomique s'amènent à Montréal, officiellement, les deux diplomates étaient censés travailler au consulat du Pakistan, alors rue Drummond.
Mais la GRC avaient mis les deux hommes sous surveillance constante.
Les deux spécialistes, d'après l'enquête policière, passaient le plus clair de leur temps dans les bureaux de Serabits Electronics, une entreprise spécialisée dans la vente d'équipement électronique et de système d'alarme. dont le président était un immigrant d'origine égyptienne du nom de Salam Elmenyawi.
À l'époque, Elmenyawi semblait mener la belle vie. Il conduisait une Thunderbird et était un grand fumeur. En septembre 1980, j'étais réalisateur délégué pour l'émission The Fijtk Estate de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC).
L'affaire, somme toute, était simple. L'entreprise montréalaise disait avoir obtenu une commande pour du matériel électronique et divers autres appareils achetés aux États-Unis. Salam Elmenyawi disait avoir agi en toute légitimité en fournissant à ses clients des pièces servant, disait-il, à l'industrie du textile.
En 1980, la GRC saisit à Mirabel plusieurs caisses d’équipement d’une valeur de 56 000 $ que Serabit se préparait à expédier à Islamabad au Pakistan ainsi qu’à Dubai. Devant les tribunaux, Salam Elmenyawi plaide qu’il ignorait qu’il avait besoin d’un permis spécial pour exporter ce type de matériel utilisé pour l’enrichissement d’uranium.
La police, elle, avait une autre idée. Informés par leurs collègues américains, britanniques et français, notamment, les agents fédéraux canadiens croyaient être sur la piste d'un réseau d'espionnage. Au tribunal, ce sont des accusations très techniques qui ont été déposées contre la compagnie Serabits, son président et les deux ingénieurs mêlés a cette affaire.
Après quatre années de procédures, il est reconnu coupable que de l’un des treize chefs d’accusation à propos desquels il avait enregistré un plaidoyer de non-culpabilité. En septembre 1988, la Cour d’appel casse le jugement au prétexte que le juge de première instance aurait commis une erreur de droit et ordonne un nouveau procès. Les trois accusés se sont débattus à très grands frais devant tribunaux durant des années, l'affaire s'est même rendue jusqu'en Cour suprême. Finalement, le gouvernement canadien a cessé les poursuites.
Le renseignement est une affaire qui n'est pas tellement facile à prouver devant un juge ! Surtout que, dans bien des cas, la police ne peut même pas dévoiler ses sources, ni la provenance des informations fournies par des services étrangers.
Aujourd'hui le même Elmenyawi est un iman connu de Montréal, il prêche dans les universités. Salam Elmenyawi est toujours un personnage qui intéresse les autorités. Des individus comme Elmenyawi sont probablement plus faciles à observer que d'autres personnages qu'on appelle des «dormants» en jargon d'espionnage, Ces individus sont infiltrés dans des pays jusqu'à ce qu'on leur commande de passer a l'action.
Il s'est réjoui qu'un regroupement de 120 chefs musulmans du Canada ait diffusé une déclaration condamnant l'extrémisme religieux, peu après les attentats de Londres du 7 juillet 2005. Il est favorable à l’instauration de tribunaux islamiques au Canada et s'est déclaré prêt à se battre si le Canada, à l’instar de la France, promulguait une loi interdisant le port du voile.
Rappelons également que l'imam Salam Elmenyawi avait fait des démarches auprès du ministère de la Justice en 2004 pour instaurer au Québec une cour islamique, soit un tribunal de médiation et d'arbitrage basé sur la charia.